La période de confinement que nous vivons est inédite et un déconfinement partiel se profile à l’horizon. Analysons ce qui se joue et pensons à la suite à très court terme !

Ce qui suit s’inspire de l’expérience de Rheopole en matière de psychologie du travail et des premiers résultats de l’enquête sur le travail en temps de Covid-19 qu’a menée La Rainette Turquoise, thinkTank co-fondé par Rheopole.

Un confinement caméléon

Selon notre profession, notre contexte à la maison, notre histoire personnelle et beaucoup d’autres paramètres, nous ne vivons pas cette période de la même façon. De plus, la manière dont nous le vivons, le ressentons, évolue, au fil des semaines.

Le confinement, brusque, a mis au jour le lien que nous avons avec l’entreprise et notre rapport à cette autorité, qui a décidé les modes de collaboration ou la suspension d’activité. Pour certains, en télétravail sans accompagnement ou contraints au travail sur site avec les risques que cela peut engendrer (dans l’entreprise et les transports, pour le.la salarié.e et, par ricochet, ses co-confinés), ces arbitrages ont pu être perçus comme des injustices organisationnelles. Le vécu de l’animation managériale (pour les deux “parties”) varie aussi, selon les situations et les protagonistes.

Au-delà de l’euphorie de voir des liens maintenus par la visioconférence, les rapports sociaux personnels ont été bouleversés :  entre co-confinés, avec la famille « extra-confinement », les amis, dans les activités habituelles et autres hobbies.

Nous ne sommes pas tous identiques dans le rapport à la maladie et la mort, qui dépend notamment de notre historique personnel et des évènements liés au Covid-19 qui peuvent malheureusement nous toucher directement.

Le confinement nous replace face à nous-même (corps, mental et âme) ; il est un accès privilégié à nos ressources et envies profondes et dans le même temps un espace de dialogue avec nos vieux démons. L’activité professionnelle, finalement très dense pour beaucoup et combinée, pour les confinés, à de nouvelles pratiques sportives et du temps pour réfléchir, peut procurer à la fois de profondes joies et des moments de déprime. Pour beaucoup, la période est donc vécue de manière inconstante.

Le stress (que certains n’hésitent pas à qualifier de post-traumatique après dix jours de confinement), est aussi lié aux aspects financiers. La consommation en baisse permet de faire des économies mais la baisse temporaire de revenu est anxiogène et est susceptible de s’aggraver avec la crise économique annoncée.

Cette période met en relief notre rapport à la science et plus généralement à la connaissance, dans la manière dont nous accueillons et traitons l’information, qui nous renvoie à des besoins de transparence accrus ou des suspicions de complot.

L’ensemble est coloré par nos convictions politiques, notre rapport au gouvernement actuel et à l’écologie.

La terre respire, c’est un constat. Pour certains, il est hors de question de reprendre le rythme d’avant, destructeur de notre monde. La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est de plus en plus importante. Ceux qui doivent prendre leur véhicule pour travailler ou œuvrent dans des entreprises polluantes sont de plus en plus confrontés à un conflit éthique. D’ailleurs, pourquoi passer tant de temps dans les transports alors qu’il est possible d’être efficace en télétravail et source de joie que de passer plus de temps en famille ? Pour d’autres, c’est la fonction-même de leur métier qui les interroge : comment passer du marketing qui pousse à une consommation peu utile à l’humanité à un métier qui ait davantage de sens ? D’une manière générale, beaucoup n’ont plus envie de se tuer à la tâche puisqu’il est possible de vivre avec moins.

D’autres au contraire ont hâte de rattraper les loisirs et l’argent perdu et ne lient pas cela à la vie générale de la terre.

La suite

Nous venons de voir par ces exemples à quel point les vies professionnelle et personnelle sont intimement liées. C’était déjà le cas auparavant, en psychologie du travail nous sommes bien placés pour le savoir, mais là… plus ! Compte tenu des vécus et objectifs différents que nous avons évoqués précédemment, le déconfinement va mettre en présence des acteurs qui ont des enjeux peut-être encore plus variés qu’auparavant. 

L’employeur a la responsabilité de la pérennité, de la santé (financière, au moins) de l’entreprise, et de la santé (physique et psychologique) des salariés. Ce dernier point est assorti d’une obligation juridique de résultat et les dirigeants sont régulièrement abreuvés de documents en ce sens depuis le début de la crise. L’objectif majeur des dirigeant.e.s : retrouver productivité et performance. Nota bene : personne dans l’entreprise n’a la charge de s’occuper de leur propre santé.

Les salariés ont toujours avec l’entreprise, via leur contrat de travail, un lien de subordination, voire d’aliénation (au sens étymologique de « devenir autre » : il est difficile d’être exactement soi-même au travail) : tant qu’on est obligé de travailler pour vivre, on est contraint de donner de soi-même à l’entreprise pour exister. Cependant, 

  • Parmi les salariés qui ont télétravaillé pour le déconfinement, certains vont poursuivre dans ce mode, d’autres seront rappelés, à temps plus ou moins complet. Parmi eux, certains viennent de prouver qu’ils pouvaient travailler à distance alors qu’on leur avait jusqu’ici refusé cette modalité. Ils auront un argument fort.
  • Ceux que l’on a contraints au travail sur place auront peut-être à cœur de faire reconnaître leur prise de risque.
  • Des personnes bénéficiant d’un salaire sans activité (ou une activité dédiée à leurs enfants) ne pourront peut-être pas compter sur la compréhension de tous, surtout de la part de ceux qui ne comprenaient déjà guère que les chèques vacances ne soient pas pour tout le monde.

Oui, cette mise en présence risque de “coincer” plus que d’ordinaire.

Un déconfinement fédérateur

Pour beaucoup (et cela est très visible dans l’enquête de La Rainette Turquoise), vous avez déjà fait beaucoup de choses pour fluidifier d’efficaces échanges pendant la difficile période du confinement : vous avez travaillé quelles que soient les conditions, inventé de nouvelles modalités de collaboration, pris des nouvelles les uns des autres, organisé des cafés-débats, des apéritifs ou autres temps ludiques, etc.

Mais au moment du déconfinement, total ou partiel, il serait dommage de ne rien faire de particulier, comme si tout cela n’avait été qu’une parenthèse.  Nos conseils ?

1 – Prendre le temps de reconnaître, ensemble, ce qui s’est joué pour les individus et pour les équipes.

Chaque métier a son jargon. Si vous parlez d’une table à un informaticien, il ne verra pas un plateau et quatre pieds mais un fichier avec des zones bien définies. De la même façon, en psychologie, les mots apathique et antipathique n’ont pas la signification communément répandue (« mou » et « pas sympa ») ; ils parlent de l’absence ou du déni d’émotion (même si cela part d’une bonne intention, comme lorsque l’on dit à un enfant “mais, non, tu n’es pas triste !” en pensant bien faire pour le consoler). Compte tenu de tout ce que nous avons décrit précédemment, il serait regrettable de faire comme si de rien n’était.

Certains ont vécu des drames (violences, deuils), il s’agit d’en tenir compte, d’avoir conscience de l’état psychologique de la personne et de faire preuve de soutien. C’est une responsabilité managériale. Bien sûr, la forme de ce support peut varier, selon le souhait des personnes.

En dehors de ces situations traumatisantes, il existe tout un continuum d’interrogations, qu’il est possible et même souhaitable de partager. Parmi ces interrogations, nombreuses sont celles qui proviennent d’expériences positives (efficience du télétravail, constat de l’importance de temps physiques voire conviviaux, gain de temps de transport…). De vraies joies et astuces sont partageables.

2 – En profiter pour améliorer encore l’organisation. Pour tous ceux qui n’avaient pas l’habitude de réunir les équipes pour autre chose que de l’efficacité organisationnelle directe, le déconfinement est aussi une belle occasion de davantage souder les équipes.

Comment faire ? Déjà, identifier les sujets de discussion, qui structureront les échanges. En voici rapidement quelques-uns.

  • Santé individuelle, physique et mentale (masques, distance, nettoyage, prise de température…)
  • Business / finances
  • Relations clients / fournisseurs / autres tiers
  • Organisation interne
  • Bilan sur l’efficacité de la période
    • Quelle organisation collective et individuelle (concentration, gestion des priorités) pour travailler efficacement et rattraper l’éventuel retard ?
    • Alors, on télétravaille ? La question va se poser d’autant plus que les enfants ne seront pas tous à l’école. Certaines entreprises ont déjà décidé d’encourager le télétravail pour n’autoriser que 15% des présents sur site, transformant au passage les plateaux en bureaux flexibles.
    • Plus largement, quel équilibre des temps de vie ? Aborder au passage la question des temps de déconnexion.
    • Quels outils et quels usages pour travailler autrement ?
  • Quels autres projets collectifs portés par l’entreprise pour compenser la perte d’activité ? #créativité

Des supports

Les habitudes en France sont souvent de travailler de manière assez cloisonnée, assez hiérarchique et les managers de tous niveaux se sentent souvent démunis lorsqu’il s’agit d’animer des discussions de groupe plus ouvertes. La posture soutenante auprès des individus, s’apparentant plus à du coaching, ne fait pas non plus toujours partie de la formation des managers.

N’hésitez pas à faire appel à un tiers, neutre par rapport à l’entreprise.

Rheopole est le compagnon de route des individus (dirigeants, manager et toute personne au travail) et des collectifs, en ce qui concerne

  • tous les aspects de la santé au travail : mentale (prévention des risques psychosociaux) et physique
  • l’organisation du travail
  • l’intelligence collective : nous aimons proposer des expériences productives plus ouvertes, pour des collectifs apprenants. L’intégration du dialogue social se fait là aussi.

Au besoin, nous fédérons différents acteurs (psychologues du travail, experts techniques et fonctionnels de la transformation digitale).

Manager, dirigeant.es, n’hésitez pas à nous contacter avant la reprise : nous pourrons faire le point sur ce que vous avez fait ou pourriez faire d’ici-là, pendant la période de confinement, et préparer avec vous, sur mesure, une ou plusieurs actions collectives ou individuelles pour le redémarrage.

Chez Rheopole, nous ne poussons pas à la consommation : nous vous écoutons, nous vous challengeons, nous “ouvrons des fenêtres” pour vous donner des idées (des dispositifs soit éprouvés soit co-construits avec vous et toujours évolutifs), et c’est vous qui décidez de ce que vous voulez faire et de quelle manière.

Surtout, prenez bien soin de vous… et des autres 😉 !

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