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Cet été 2023, le Ministre français de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique

  • déplore l’augmentation des dépenses de Sécurité sociale liées aux arrêts maladie
  • pointe du doigt les personnes en arrêt qui ne sont pas malades
  • veut responsabiliser
    • « le chef d’entreprise » (N.D.L.R. le chef ou la cheffe, n’est-ce pas ?)
    • les salariés quand il y a des abus
    • le médecin prescripteur de l’arrêt.

Arte a produit le 16 août 2023 un échange à ce sujet

Un résumé, pour le cas où vous n’ayez pas le temps d’écouter les 28 minutes :

  • Statistiques 2022 présentées
    • 8,8 millions d’arrêts maladie (6,4 en 2012, presque + 40% des dépenses en 10 ans), touchant près d’1 salarié sur 2. 13,5 milliards d’euros
    • Plus d’arrêts de travail qu’en Allemagne mais coût moindre (perte de salaire via indemnités journalières SS plus importante, compensée par les mutuelles)
    • 102 000 médecins généralistes. Estimation du nombre de médecins « trop généreux » : 2%. 1000 épinglés. 5000 vont être convoqués, 15000 vont recevoir une visite
  • Un phénomène multifactoriel, dont :
      • augmentation du nombre de travailleurs (réduction du chômage et recul de l’âge de la retraite)
      • augmentation des salaires
      • vieillissement de la population active, plus fragile, donc
      • longues maladies qui ont maintenant des traitements
      • troubles musculosquelettiques (TMS) toujours très présents et augmentation de la souffrance psychique au travail (due aux pratiques managériales, à la recherche d’un autre sens suite à la crise sanitaire)
      • Stress économique des particuliers
  • Leviers
    • Vision du gouvernement : budgétaire (court terme ?) en « responsabilisant »
      • médecins (-20% de prescription d’arrêt), qui risquent d’abandonner prématurément leur activité
      • patients (augmenter le reste à charge), avec risque de crispation sociale
    • Vision des médecins présents sur le plateau : agir à plus long terme en s’attaquant
      • aux raisons profondes (professionnelles et sociales)
      • aux dépenses structurelles du système de santé, aux médicaments onéreux dont l’efficacité est contestée, etc.

De son côté, l’observatoire des arrêts de travail (pour maladie ou autre) du Groupe APICIL a publié une étude comparative entre 2021 et 2022

Notons que

  • Les salariés à taux d’absentéisme et durée d’arrêt les plus élevés sont : seniors, femmes et personnes peu qualifiées ou à grande ancienneté
  • Les métiers « essentiels » (santé, social et éducation) sont à hauts facteurs de risque psychosocial (intensité du travail, exigences émotionnelles, faiblesse des moyens conduisant à des conflits de valeur) et sont les plus touchés par l’absentéisme
  • Le nombre de personnes entre 30 et 39 ans ayant eu au moins un arrêt a augmenté de 28% en 1 an
  • La durée moyenne des arrêts de travail a chuté de 20% en 1 an

Que faire, alors ? Déjà lire la suite de cet article, qui propose

  • dans un premier temps, des éléments « à chaud » d’information / réflexion et des questions suite au reportage télévisé mentionné
  • ensuite des pistes d’action.

Santé des personnes, santé au travail

L’OMS définit ainsi la santé : « un état de complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». La charge cognitive, les aspects émotionnels, les relations avec les autres et la capacité à être à l’origine des choses importantes dans sa vie sont donc des éléments à prendre en considération.

Le contexte de travail a évolué (mondialisation, digitalisation…), conduisant notamment à

  • une densification de l’activité et des interruptions, souvent mal mesurées
  • une logique budgétaire accrue qui éloigne managers et décisions de la réalité du terrain
  • une insécurité de l’emploi (emplois temporaires, insécurité économique de l’entreprise…)

L’opinion générale fait souvent l’amalgame entre

  • burnout-out (épuisement professionnel, comme une fusée qui, après avoir tenu longtemps, n’a soudain plus de carburant)
  • et surcharge du travail demandé,

ce qui peut faire douter de la sincérité de l’épuisement.

Les choses sont beaucoup plus complexes que cela ! Au besoin, n’hésitez pas à parcourir le site de Rheopole pour vous en convaincre.

Quant aux TMS évoqués dans le reportage, on pourrait croire qu’ils sont uniquement engendrés par des gestes répétitifs sur une chaîne de fabrication. Le stress chronique, qui produit notamment du cortisol, participe au processus inflammatoire général et donne aussi maux de dos, tendinites, etc. La souffrance psychique induit donc souvent des troubles physiques (pas toujours visibles) ; tous les travailleurs peuvent avoir mal dans leur corps à cause du travail.

Rheopole intervient au sein des entreprises et accompagne aussi des individus dans le cadre du réseau Souffrance et travail. La situation commune : des personnes ayant une grande conscience professionnelle, qui ont « pris sur elles » pendant longtemps dans un contexte difficile et qui culpabilisent d’être ne serait-ce qu’une semaine en arrêt :

  • privation d’un travail qu’elles ont à cœur de bien faire
  • mauvaise image d’elles-mêmes de rester à la maison sans trouble visible extérieurement
  • surcharge des collègues
  • surcharge de travail au retour
  • étiquette « fragile » au retour

La fonction publique est citée dans le reportage d’Arte. Dans un statut agentique, quels sont les dispositifs mobilisables sans mettre une carrière en danger et efficaces pour traiter un différend avec sa hiérarchie (tout courrier devant passer par la ligne hiérarchique, beaucoup se perdent…) ? L’arrêt de travail est souvent la seule manière de se préserver d’une situation dangereuse pour la santé.

Médecins

Les médecins généralistes constituent une population à risque psychosocial important depuis un moment déjà ; plusieurs études le montrent, vous pouvez aussi lire cette thèse.

Les injonctions supplémentaires prévues par le gouvernement, qui pourraient injustement toucher 98% d’entre eux et ainsi les empêcher de faire leur travail, sont évidemment très mal perçues.

Dans notre pratique de prévention des risques, nous constatons des comportements très différents chez les médecins généralistes et médecins du travail selon qu’ils connaissent bien les problématiques liées aux risques psychosociaux ou non. N.B. Dans ce dernier ce cas, la formation d’une journée proposée par Rheopole aux médecins généralistes est tout à fait adaptée.

Ceux qui connaissent et protègent par une bonne écoute et des arrêts adaptés participent au rétablissement durable.

Certains médecins généralistes ont fait de la souffrance psychique une de leurs expertises. Par une bonne analyse de la situation, de la micronutrition et des conseils pour le quotidien, ils remettent les personnes en selle sans antidépresseur, de manière efficace, profonde, durable ; cela nécessite généralement plusieurs mois d’extraction de la situation de travail et de repos. En effet, l’épuisement professionnel attaque physiquement les neurones et il faut souvent plusieurs mois pour s’en remettre -lorsque les séquelles ne sont pas irréversibles. Les contrôles qui vont être faits permettront-ils de tenir compte de ce travail de qualité ?

Beaucoup de personnes n’ont a priori pas confiance en la médecine du travail (« La confidentialité est-elle réelle ?», « Comment un médecin du travail peut-il m’aider ? ») et certaines reviennent d’une visite totalement laminées. Le rôle de la médecine du travail, malheureusement en sous-effectif, est pourtant aussi essentiel que celui du médecin traitant.

Nous constatons qu’une validation de la situation par le médecin conseil de la Sécurité sociale, si une visite a lieu, est aussi une étape décisive de la reconstruction.

 

Au sujet de la stratégie gouvernementale évoquée

Un pilotage budgétaire est nécessaire, dans un pays. Tous les paramètres et leviers sont-ils bien identifiés ? Il serait intéressant que les media relaient des informations détaillées et récentes permettant de comprendre les décisions liées à ce sujet.

Pourquoi 3 jours de carence dans le privé et 1 jour dans la fonction publique ? Quelles sont les statistiques détaillées d’arrêt maladie comparées de ces deux secteurs ?

Lorsque le ministre de l’économie dit vouloir que le chef d’entreprise « se sente concerné », quelles sont les mesures annoncées en même temps que celles à l’encontre des médecins généralistes ? L’ANI Qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) dynamise les négociations en manière de qualité de vie et des conditions de travail et un passeport favorisant les formations en santé au travail arrive ; comment aller plus loin dans l’accompagnement vers de la prévention dite primaire ?

Employeurs, que faire pour lutter contre l’absentéisme ?

Pour l’employeur,

  • l’absentéisme est un fléau qui met parfois la structure en péril à court terme
  • l’augmentation des absences de courte durée et répétées de personnes relativement jeunes est préoccupante, désarmante et peut conduire à un conflit de générations et une spirale négative
  • combattre les absences est une priorité ; crispations, non-dits et contrôles par des sociétés extérieures sont souvent les premiers réflexes et la situation ne s’améliore guère

Il est très facile de pointer une fragilité ou mauvaise volonté de salarié.e. L’issue est généralement un départ, toujours coûteux pour l’entreprise (temps et énergie, compétences qui quittent l’entreprise, budget…). 

Il est beaucoup plus difficile d’aborder ensemble (individuellement et en équipe) les causes réelles, du comportement du/de la salarié.e et d’améliorer les choses. 

Une grande part de la souffrance au travail vient de l’organisation du travail, de relations difficiles ou pratiques managériales perfectibles, de manque de considération et de dialogue. Par manque de connaissance ou parce que les comportements sont déjà bien ancrés, il est souvent compliqué voire impensable de faire évoluer le management (pour qu’il soit à la fois cadrant et motivant), l’organisation et les relations de travail et, d’une manière générale, les conditions de travail qui induisent satisfaction et vitalité : agir sur ces déterminants fait chuter l’absentéisme. Bien sûr, les pratiques abusives isolées méritent ensuite d’être sanctionnées.

Contactez-nous ! Cet échange en toute confidentialité vous donnera de premiers conseils et des idées pour aller plus loin.

Rheopole est un compagnon de route qui propose notamment :

  • Sensibilisation aux risques psychosociaux (CSE, salariés), à la QVCT
  • Evaluation des RPS  et actions d’amélioration
  • Coaching de dirigeant, stratégie organisationnelle
  • Formation managériale sur mesure (animation, gestion de conflit…)
  • Médiation
  • Accompagnement d’équipe
  • Renouveau du dialogue de travail dans toute la structure (si <150 personnes)
  • Accompagnement à la sortie durable de burn-out

P.S.

Et si les français, souvent insatisfaits et dans la peur de perdre leurs acquis, y compris dans le travail, apprenaient dès leur plus jeune âge (sinon plus tard) à considérer leur psychisme et celui des autres pour mieux dialoguer et co-construire un avenir meilleur ? Solidarité et joie pourraient émerger. Un vrai changement identitaire en France !

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